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Ilhan ☆
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17 octobre 2007

Chapitre 4.

Chomei, il a dit qu'il m'appellerait. Mais. Au moment où on aurait dû se séparer, j'ai pas pu. Parce que je savais qu'il faudrait que je rentre chez moi, que qu'une fois là bas, je serais seul. Et que j'avais pas envie d'être seul. D'autant plus que comme dit, le jeune homme m'était très sympathique. Parce que je suis quelqu'un d'assez instinctif avec les gens. Et si je me sens à l'aise ou juste bien avec eux, c'est que c'est des gens plutôt chouettes. En général, je me trompe pas. Et donc, comme j'étais à l'aise avec lui, bah j'ai pas eu envie qu'on se quitte comme ça, alors je lui ai demandé si ça l'embêtait si je venais assister à son cours.

Il était prêt à partir déjà, lui, alors il s'est retourné vers moi, un air surpris, me demandant si j'étais intéressé, mais a dit qu'il n'y avait aucun problème et que je pouvait assister au cours. Bien évidemment, comme je ne suis pas un passionné d'anatomie humaine, je lui ai dit que j'étais juste pas motivé pour être seul chez moi. La franchise est mon péché. Mais lui je crois que son péché, c'est le manque de motivation, parce qu'il a proposé de sécher le cours et de se promener avec moi. Bien sûr, ne voulant pas avoir son échec scolaire sur la conscience, j'ai un peu hésité, mais puisqu'il m'a dit être assez sûr de lui dans cette matière, j'ai dit d'accord. Après tout, c'était moi qui, à la base, ne voulais pas rester seul, et comme il me proposait mieux que d'assister à un cours d'anat' auquel je n'aurais de toutes façons rien compris, j'ai accepté. J'suis pas totalement con non plus, hein.

Pendant qu'on marchait, il m'a dit que l'anatomie, c'était un des seuls cours qui l'intéressait. Ca m'a surpris qu'il fasse médecine alors, et qu'il propose de se sécher comme ça, et donc, j'ai demandé pourquoi il avait choisi de faire médecine, justement. Il m'a parlé de son envie de faire des recherches dans le domaine. Et étant un gros curieux, j'ai demandé s'il avait des raisons particulières, parce que… on sait jamais, le familial peut beaucoup influencer sur les motivations des gens, hein. Un parent malade, ou que sais-je. Etant moi-même la seule personne atteinte d'une maladie sérieuse, et pas vraiment guérissable de ma famille, je sais pas trop comment ils le prennent autour de moi. Mais je suppose que si Eve avait été malade, j'aurais voulu faire mon possible pour l'aider. Comme elle l'a fait pour moi. Je lui ai jamais dit merci correctement, d'ailleurs. Mais je pense que mes sourires valaient tous les mercis que j'aurai pu lui dire. Hem. Non, je ne suis pas prétentieux, et non, je ne pense pas avoir un sourire qui vaille des millions. Mais Chomei, il a dit qu'il avait pas de raisons particulières, qu'ils aimerait juste trouver des trucs permettant de sauver des gens. Et comme je sais de quoi il parle, j'ai poussé un gros soupir.

"Ca te plairait aussi ?" qu'il m'a fait.

"Et comment…" que j'ai répondu. "Les médocs que j'ai pris avant et que t'as eu la gentillesse de pas demander ce que c'était, bah, j'en suis dépendant si je veux pouvoir vivre à peu près normalement."

Mais je me plains pas. Trop. Parce que maintenant, au moins, j'en ai des médocs. Mais jamais je serais parti seul si je les avais pas eu. Je crois que je serais resté sur mon île, que Eve en aurait eu marre de moi au bout d'un moment, et que j'aurais certainement été placé en foyer quand mes parents n'auraient plus pu s'occuper de moi. Bon sang empêchez-moi de penser, je me fous le cafard tout seul. J'ai du bol de les avoir en fait, ces foutues pilules. Elles me sauvent pas mal la mise, au final. Même si c'est un poison en même temps, parce que je ne peux malgré tout pas être autonome. Et moi, c'est ça que je voudrais : être autonome. A dix-sept ans, il est temps que j'y songe. Mais je peux pas. Parce que je suis un narcoleptique à la con, et que donc, à moins qu'on ne trouve un médicament contre la maladie, je suis condamné à rester dépendant jusqu'à la fin de ma vie. Dépendant de ma famille, et de mes amis. Ou même dépendant de n'importe qui dans la rue, qui aurait la gentillesse de me ramasser au cas ou je fais une jolie petite crise en passant, comme ça.

J'aime bien Chomei, déjà là, alors que je viens tout juste de le rencontrer. Parce que à chaque fois que je pars dans des pensées pas cool, il m'en sort. Je sais pas s'il le fait exprès ou si c'est naturel, chez lui. Mais moi, ça me fait du bien. Il doit avoir une sorte d'instinct. Ou juste… Peut-être qu'il est plus attentif que je ne l'ai jamais été… Bref. En tous cas, il reprend la parole et continue la discussion là ou on l'avait laissée.

"Qui sait ? Peut-être que c'est moi qui trouverai de quoi te soigner…"

Mon sourire est revenu aussi sec. Parce qu'il est chou, Chomei. Il trouve les mots qui font sourire, faut croire. En tous cas avec moi. Peut-être qu'on est reliés télépathiquement ? Ou peut-être qu'il a juste la classe. Ouais. Ca doit être ça. Je me l'explique pas autrement.

"Ca serait bien, tu pourrais me faire un prix."

"Je sais pas…" qu'il m'a fait en faisant mine de réfléchir.

"Bah. T'aurais raison de me faire raquer. J'ai ce qu'il faut pour."

On s'est souri. Il a ajouté que c'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd, puis il a demandé où je voulais aller. Et dans un premier temps, j'avais envie de rentrer. Alors je le lui ai fait savoir, évidemment. Parce que j'avais des trucs à déposer. Ce que j'avais acheté avant de le rencontrer, et ce que j'avais aussi acheté après, à la pharmacie. Juste après l'avoir rencontré, en fait.

Et Chomei, bien élevé, et toujours soucieux des autres, il a demandé si je voulais qu'il attende là. C'est sûr, tout le monde ne voudrait pas d'un inconnu tout juste rencontré chez lui. Mais moi, ça me dérangeait pas, parce que comme dit, je me sentais bien à l'aise avec lui. J'aimais bien l'impression générale qu'il dégageait. Et donc j'ai dit que non, au contraire.

"En plus, je peux te proposer un coca sans Mandy-barmaid. Ni ses seins dans ta tronche."

Il a ri en silence, une main fine devant ses lèvres, avant de remettre une mèche châtaine derrière son oreille, puis a rangé ses mains dans ses poches. Et moi, je l'ai emmené chez moi. C'était pas loin, y'avait juste à traverser une rue. Puis bon, bah je vous passe les détails, c'est un appart, je l'ai fait entrer, pas besoin de m'étendre dessus, c'est commun. Comme d'habitude, en entrant dans l'immeuble, j'ai ouvert d'un coup d'épaule, parce que sinon, j'ai pas assez de force pour. Mais on ne se moque pas. Chacun sa merde. Je me moque quand vous geignez que vous devez perdre du poids, tous les matins en vous pesant ? Non. Alors moquez-vous pas non plus.

Ensuite, bah, mon appart étant au premier, il a fallu monter les escaliers. Je vous raconte pas la galère. A chaque fois, je flippe tout ce que je peux. Et en arrivant en haut, je m'arrête toujours, la main crispée sur la rampe. Et au cas où il se poserait des questions, je lui ai dit, directement.

"C'est une aventure à chaque fois… Suffit que je fasse une crise et je suis à l'hosto."

J'ai pas pensé à préciser de quoi, la crise. Parce que j'ai tellement l'habitude que les gens soient au courant que forcément, je précise pas que je suis narcoleptique. Mais lui il savait pas, alors il a demandé, sur un ton doux.

"Des crises de quoi ? Enfin, je comprendrais que tu veuilles pas en parler…"

"Narcolepsie."

Moi, ça me gène pas d'en parler. C'est ma petite tare, comme d'autres ont des verrues sur la plante des pieds. Je fais avec. Parfois en grinçant des dents, mais je fais avec quand même. Après tout, jusque là, c'est pas comme si j'avais le choix. Et comme il répondait rien, et se contentait d'avoir un air surpris, mais poli, bah j'ai continué.

"Et encore, maintenant y'a des médocs, ça me permet de vivre à peu près normalement. Mais quand j'étais gosse, je pouvais rien faire..."

Il m'aurait demandé de lui raconter ma vie que je l'aurais fait. Pourquoi, je sais pas. Comme dit, il me mettait en confiance. C'était assez fou à quel point, d'ailleurs. Surtout que je venais de le rencontrer. Mais dès le début, notre relation a été plutôt fusionnelle. J'avais l'impression de l'avoir toujours connu. Ca doit être pour ça que tout est allé si vite.

Une fois toutes mes petites affaires déposées, je me suis retourné, pour lui faire face.

"Ayé. Coca ?"

"Je veux bien… Tant que tu me refiles pas une nana pénible avec." Qu'il m'a dit avec un sourire.

J'ai souri aussi, et puis on est descendus. Moi, j'avais la main totalement crispée sur la rampe. Même s'il y a les médicaments qui aident maintenant, et que je ne risque pas de faire de crise en plein milieu, c'est une hantise qui est restée. Ca m'est arrivé une fois, de tomber dans les escaliers. Heureusement, ma super maman m'a rattrapé avant que je ne me cogne sérieusement la tête.

Mais revenons-en à nos moutons. Non, je n'avais pas l'intention de lui servir une nana pénible avec. De toutes façons, j'aurais voulu que j'aurais pas pu, étant donné que je n'avais pas de nana pénible sous la main. Avouez que ça compromet les chances de lui en refiler une. C'est ce que je lui ai dit, d'ailleurs, tout en descendant les escaliers, avec, comme toujours, la main crispée sur la rampe. J'aime pas ça, les escaliers. Vraiment pas.

Il a répondu que ça ne le dérangeait pas. Tant mieux, j'avais pas l'intention de courir les rues pour lui en trouver une, faut pas charier non plus. Je veux bien être gentil, mais je suis pas totalement con. Par contre, je lui avais promis un Coca, alors il aurait un Coca. J'ai donc fouillé dans le frigo, pour lui sortir une canette contenant la boisson promise. Et moi, j'ai fait comme d'habitude : je me suis pris un verre de jus de citron. J'aime bien, comme boisson. C'est acide, et ça me fait me sentir bien vivant. J'adore.

D'un geste, je l'ai invité à s'installer à mon espèce de petit bar, qui me sert de table à manger, entre autres. Il s'est assis, donc, et a ouvert sa canette, avec une attention toute particulière, et un peu exagérée, comme s'il était super maniéré. Ou bien qu'il avait peur qu'elle lui explose à la tronche. Mais je suis pas du genre à secouer les canettes. Surtout pas quand elles sont dans mon frigo, je serais franchement con si je secouais mes propres canettes. Mais je ne m'en offense pas, il me connait pas, après tout. Il sait pas si j'aime me prendre des douches de coca ou pas. Donc je peux comprendre qu'il soit méfiant.

Je me suis installé à côté de lui, les mains autour de mon verre parce que j'aime bien, ça rafraîchit, c'est agréable. Il y a eu un silence confortable, pendant un moment. Lui buvait son coca tranquillement, et moi j'avalais de petites gorgées de temps en temps, et je sais que je grimaçais après, à chaque fois, parce que Chomei, il souriait quand il me voyait faire de drôles de têtes. J'en ai un peu rajouté exprès, j'avoue. J'ai laissé le silence se prolonger un petit moment, parce que c'est reposant, c'est apaisant. Il met à l'aise, Chomei. Et puis quand même, j'ai parlé.  Parce qu'il y a une pensée qui m'a traversée l'esprit, et que du coup, je ne pensais plus qu'à ça. C'était super personnel, et j'étais un peu mal à l'aise. Mais il fallait que je pose la question.

"Dis... je sais que c'est pas mes affaires, mais... Si tu t'es tellement énervé contre Mandy-barmaid, c'est parce que tu es concerné ?"

Il a eu l'air surpris. Et je le comprends. A sa place, je l'aurais été aussi. D'autant plus que ça venait de nulle part. Il est resté silencieux pendant un petit temps, mais finalement, il a hoché la tête en silence. Et comme un con, j'ai fait pareil, et je suis revenu à mon verre, ma curiosité assouvie. Mais je me sentais stupide quand même, un peu. Donc j'ai reporté mon attention sur mon verre, parce que ça me permettait de ne pas me sentir totalement comme un gros curieux qui venait de se mêler précisément de ce qui ne le regardait pas. Et j'espérais très fort qu'il ne soit pas mis mal à l'aise, ou qu'il pense que c'était chose commune, chez moi, de me mêler de pas mes affaires. Le silence s'est prolongé, parce que Chomei ne disait rien non plus.

Autant avant, le silence était confortable, autant là, il me pesait. Parce que je ne savais pas ce qu'il pensait, parce que j'avais peur qu'il y ait un malaise, ou que sais-je... On ne sait jamais comment pensent les gens quand on ne les connait pas bien. Je me sentais franchement trop comme un con, et je ne voyais pas quoi dire. Mais en même temps, ce foutu silence, je pouvais plus le tolérer. Alors j'ai pris le taureau par les cornes et mon courage à deux mains par la même occasion, et j'ai repris la parole, aussi.

"Alors c'est d'autant plus une grosse conne."

Mais Chomei, il m'a souri, simplement. Et il m'a dit que s'il avait été hétéro, il lui aurait aussi fait la remarque. Là, c'est moi qui ai souri.

"T'aurais été moins rapide, c'est moi qui l'aurais faite. Mais j'ai préféré reprendre mon souffle avant."

Bah oui, j'ai quand même failli mourir à cause de la remarque de Mandy-barmaid. Il a ri, doucement. Et j'ai remarqué que son visage était bien plus chaleureux quand il sourit, ou quand il rit. Ca m'a apaisé sans que je sache pourquoi.

Chomei m'a adressé un sourire tendre. Et m'a dit que cette fille là, elle ne valait pas le coup qu'on s'énerve. J'étais assez d'accord avec lui. Il y a eu un silence, encore une fois. Mais il n'était pas aussi détendu que les premiers. Du coup, j'ai sorti la première connerie qui m'est passée par la tête. Je me souviens pas exactement quoi. Une histoire de faire péter le bar, un truc dans le genre. 

Il a eu l'air un peu surpris, je pense pas qu'il ait vraiment compris que je disais juste une connerie comme ça, pour détendre l'atmosphère. Il m'a dit que je devrais apprendre à être plus blasé, que si je m'enflammais comme ça pour tout et n'importe quoi, j'allais me pourrir la vie. Il avait raison, au fond. Sauf que j'étais pas sérieux. Je songerai jamais à faire péter un bar, je suis pas débile à ce point. Déjà, je suis pas terroriste. Et puis, je sais pas faire péter des bombes. Et franchement, entre nous, j'ai pas que ça à foutre. Mais au lieu de lui répondre ça, j'ai plus tilté sur le fait qu'il me disait que j'étais pas assez blasé. Je sais pas. Quelque part, ça m'a fait un peu mal. Je pense que c'est parce que je suis quelqu'un de blasé, et que si je l'étais pas, je passerais ma vie à chialer à cause de la merde qui m'est tombée dessus. Mais je chiale pas, j'assume.

"Je suis blasé. Mais ça me pourrit la vie quand même."

Il est resté silencieux pendant un petit moment. Je ne sais pas s'il a bien compris ce que j'ai voulu dire, et si ça a jeté un froid, ou pas. Mais après, il a repris la parole.

"Hm... Mais quoi que tu fasses dans la vie, tu finis par t'en prendre plein la gueule."

Je lui ai dit que je savais, que je parlais pas de moi. En tous cas, je ne parlais pas que de moi. Sérieusement, je pensais aussi aux gamins qui n'ont pas d'autre choix que de se prostituer. Même si le quartier dans lequel j'habite ne craint pas trop, bah j'en vois pas mal, le soir, en regardant dehors. Des putes. Plein de putes. Des garçons, des filles, des jeunes comme des moins jeunes. Ces gens là, ils devaient certainement s'en prendre de bien belles dans la gueule aussi. Et je le lui ai dit. Lui, il a répondu par une banalité qui m'a laissé un peu pensif. Je pensais pas qu'il était du genre à sortir des trucs aussi évidents.

"On trouve toujours pire situation que la sienne. Et toujours une meilleure aussi."

Par contre, j'ai bien aimé ce qu'il a ajouté : "En fait, faut pas penser. Pas réfléchir."

Mais quand même. Des fois, penser, ça aide. Je l'ai dit, et puis j'ai gesticulé sur ma chaise, parce que de nouveau, Chomei se taisait, et que ces silences là, ils me rendaient nerveux. J'ai joué avec les cheveux aussi, je crois. Je sais pas pourquoi ça me mettait tellement mal à l'aise. Par contre, Chomei, ça n'avait pas l'air de le perturber plus que ça. Il a fini son coca l'air de rien, et pour ne pas me sentir trop con, j'ai vidé mon jus de citron aussi. J'aime pas avoir mon verre encore plein quand les autres ont fini le leur. Ou leur canette, c'est du pareil au même de toutes façons.

J'ai pensé à Eve. Eve et ses grands yeux noirs. Eve et la mèche verte qui est assortie à une des miennes. J'y ai pensé, justement parce que ma mèche est passée devant mes yeux. Je me suis senti triste, minable. Mais pas seul. Pas seul, parce qu'il y avait Chomei. Même si je ne le connaissais pas, il m'offrait en étant là le réconfort que la présence de quelqu'un peut apporter, quand on est seul, dans une grande ville, dans un pays différent du sien. J'ai regardé Chomei, et j'ai pensé à Eve. Je me suis dit qu'ils se seraient certainement pas entendus, qu'ils se seraient chamaillés tout le temps, mais qu'au fond, ils se seraient bien aimés, même si aucun des deux n'aurait eu envie de l'avouer. Je me suis fait mon petit film. Et si notre duo avait été un trio, et si Chomei partait avec moi, quand je retournerai à Haïti. Et si, et si... Et tout naturellement, en pensant à Eve et moi, je me suis demandé si lui, si Chomei il avait un copain. Donc je lui ai posé la question.

Il a eu l'air un peu surpris, ce qui se comprend, vu que pour lui, ça devait sortir d'un peu nulle part. Un silence, et puis je le harcèle au sujet de sa vie privée, je lui pose des questions dont les réponses ne me regardent pas, des réponses qu'il n'a pas forcément envie de partager avec moi, avec un inconnu, avec un type bizarre, tout maigre, auc cheveux multicolores. Ce se comprendrait. Mais non. Chomei, il a levé la tête vers moi, et m'a regardé un moment. Et puis il l'a secouée, sa tête.

"Non. Pas depuis un moment à vrai dire..."

"Par choix?"

Moi, et ma curiosité. Mon tact. Ma délicatesse. Tous légendaires. Du coup, je me suis empressé d'ajouter quelque chose.

"Oui, je sais, je suis curieux. Et si je t'emmerde, tu me fous une droite, et je décolle à l'autre bout de l'appart. Mais au moins, je fermerai ma gueule."

Ca l'a fait rire. Au moins, là, il a compris que je faisais une blagounette. Je me suis senti soulagé, du coup d'ailleurs. C'est fou comme avec juste un petit rire, il arrivait à m'apaiser. Pourquoi je parle au passé? C'est toujours le cas.

"Disons que j'essaie de me concentrer sur mes cours en ce moment. Et toi?"

J'ai hésité. J'ai vraiment hésité. A lui dire, et puis une fois que je me suis décidé à lui parler d'Eve, j'ai hésité au niveau de la réponse. Est-ce qu'elle était encore ma copine, malgré les kilomètres qui nous séparaient? Malgré notre séparation? Je sais, c'est con du coup, de me poser la question. Mais j'ai toujours eu tellement l'habitude de répondre à cette question par l'affirmative que le "oui" a failli sortit tout seul. Et puis j'ai secoué la tête.

"Nan... J'avais une copine, à Haïti, mais on s'est séparés avant que je vienne ici."

"Oh. Désolé..."

Il avait l'air vraiment désolé, en plus. C'était choupi. Et puis il a ajouté :

"... Je me demandais d'où tu venais. C'est plutôt rare de voir quelqu'un d'aussi bronzé que toi. Même avec les machines à UV. Elles rendent orange. Toi t'es pas orange."

"Le plus rare, c'est pas les gens bronzés, que je lui ai dit. Le plus rare, c'est des gens avec des cheveux comme les miens."

Bah ouais. J'en suis fier, de mes cheveux arc-en-ciel. Je lui ai souri, et j'ai ponctué ma phrase d'un clin d'oeil. Je crois que lui aussi, il les aimait bien, mes cheveux.

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Commentaires
M
La suiiiite pliiiz éè
M
(suis une amie à Lily =3)<br /> A QUAND LA SUIIIITE? é___è
B
*balance des coeurs*<br /> ♥ ♥ ♥<br /> \o/
L
Ilhaaaaaaan ~ <3<br /> * luv *<br /> <br /> Putain j'te hais, tu écris trop bien. <br /> Vilaine folle è_é ( merde à la base je voulais écrire fille XDDD mébon flemme de corriger X3 )<br /> <br /> <3
Ilhan ☆
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